destiny... [FEAT SNOFRID ¤ Avril 902]

CODAGE PAR AMATIS

☾☾ Depuis qu'il avait vu la chevelure d'argent de la jeune fille l'autre jour, il avait décidé de remettre son départ à plus tard: il ne pouvait partir en sachant que sa mère avait eu raison, qu'une femme portant la même particularité physique que lui, trahissant sa nature magique, se trouvait bien là, un siècle après la purge. Cependant, il n'avait pas encore trouver la manière de l'approcher: il était plus habitué aux femmes de petites vertus qu'il ne fréquentait qu'une nuit à l'occasion qu'à interpeller une demoiselle pour quelque raisons que ce soit. Alors il méditait, seul, dans l'espoir de trouver quelque chose qui ne le ferait pas passer pour un fou ou, au pire, pour un assassin. Le fils de Tatiana retrouvait avec nostalgie sa terre natale, la ville qu'il avait connue pendant trente années avant de la quitter pour sa sécurité et pour faire le deuil de sa mère. Il ne pouvait rester à attendre à Yggradsil: il ne s'y sentait pas toujours à l'aise d'ordinaire, avec les regards s'attardant ses cheveux blancs ou ses yeux jaunes, avec la menace que Rome représentait sur eux, sur son espèce. Sans Tatiana, Yggradsil perdait de son éclat et, au fond de lui, Snöfrid savait que partir était vital.

La foret, elle, semblait toujours la même. Bien que quelques arbres aient grandis ou aient disparus face à l'expansion de la ville, la nature restait la nature: inaltérable dans sa beauté, dans son calme. Le sorcier préférait la solitude de ces lieux depuis toujours: déjà enfant, il aimait venir s'y cacher, détailler le vol majestueux des oiseaux, fabriquer des flèches qu'il revendait aux chasseurs du village, apprécier la quiétude de ce lieu. Des forets, il en avait parcourut en un siècle. La Francie tout comme le Wessex ou les états germains ne manquaient pas de bois et d'étendues sauvages où proliféraient faunes et flores exceptionnelles. Mais c'était dans la foret bordant Yggradsil qu'il se sentait le mieux. Les odeurs, les sons lui étaient familiers. Il s'assit contre un vieux chêne et, fermant les yeux, il écouta le bruit de la nature, les mélodies des oiseaux, le tintement de l'eau non loin de là, les craquements de branches sous les pattes d'un renard ou d'un sanglier. Il finit par s'endormir, apaisé par tout cela: être de retour dans ce qu'il considérait être sa maison, savoir que, même dans ses derniers mots, Tatiana avait vu juste ... Il sentait enfin venir la fin de sa quête.

Il se réveilla en sursaut en entendant le bruit de pas s'approchant à grande vitesse, d'une respiration haletante, caractéristique d'un être humain en plein effort. Instinctivement, sa main se posa sur la garde de son épée et son regard doré se promena sur l'horizon avant de se glisser dans le coin de sa vision périphérique où seul le mouvement d'une silhouette courant lui parvint. Il se releva, laissant son épaule craquer avec une grimace. Il savait qu'il ne devrait pas s'en mêler: cela pouvait être une jouvencelle vexée par l'indifférence d'un prétendant ou un homme fuyant la justice après un larcin ... Et il ne voulait vraiment pas être lié à cela. Mais l'idée qu'il puisse s'agit d'un enfant perdu où d'une personne en détresse lui arracha un soupire avant de le décider à aller voir ce qu'il se passait. L'individu n'irait pas bien loin ... Il serait bloqué par le cour d'eau qui traversait la foret. D'un pas las, Snöfrid s'enfonça entre les arbres et finit par se stopper en reconnaissait la chevelure argent de la jeune fille qu'il avait croisé dans le village quelques jours auparavant. Le destin avait décidément un humour bien à lui. Il entendit son murmure, le calme de la foret le lui portant comme si c'était à son oreille qu'on venait de chuchoter et il se douta que cela n'avait sans doute rien à voir avec une querelle humaine ordinaire. Il n'y avait qu'une seule chose qui pouvait pousser un être magique à se considérer de la sorte. Fermant les yeux, Snöfrid n'eut qu'un mouvement de main à faire pour stopper le courant de l'eau, imposant dans la petite clairière, un silence absolu.  « Je crains que tu n'es jamais réellement vu de monstre, enfant.  » dit-il de sa voix rauque, s'adossant contre un arbre, les bras croisés sur son torse, les sourcils froncés. Que devrait-il dire ? Si elle, dans toute sa beauté était considéré de la sorte ? Alors qu'était-il lui ? Les sorciers étaient bien différent des sorcières: si les hommes ne s'épandaient pas sur leurs émotions ou leurs sentiments, un sorciers semblaient en être totalement dépourvu. Et la plupart du temps, Snöfrid était tenté de valider cette croyance générale: il ne s'énervait pas aussi vite qu'un humain, ni ne se voyait troublé de la même manière. Mais il avait aimé sa mère, il pouvait être fatigué ou de mauvaises humeur. Ce jour là cependant, c'était un voile d'indifférence qui dissimulait la curiosité qu'il avait à observer cette fille.

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☾☾ Son pouvoir avait souvent un drôle d'effet sur les gens. Il n'utilisait que rarement sa magie en présence d'autres personnes que des opposants: il était ce genre de sorcier préférant passer inaperçu, bien que sa couleur de cheveux interpelle bien plus qu'elle ne le laissait garder son anonymat. Il était certain que le monde n'était pas prêt pour eux, pour accepter les êtres différents du commun des mortels. La chrétienté grandissante refusait déjà à accepter, sur ses territoires conquis, les coutumes païennes des anciens temps, que dire de ce que leurs dieux ne pouvaient accepter ? La purge n'était pas le dernier acte de violence à l'encontre des populations différentes, libre, refusant de se soumettre à la doctrine des dirigeants. Snöfrid était persuadée que s'ils se dévoilaient, ce ne serait qu'une question de temps avant que ne vienne une nouvelle purge, plus violente encore que la première, afin de marquer les esprit, d'envoyer un message fort aux sorciers et sorcières ... Pour sa part, Snöfrid refusait de se laisser abattre sans combattre, mais s'il pouvait éviter d'attirer l'attention sur lui, autant profiter du peu de paix qu'il pouvait trouver en ce monde.

Le silence actuel lui apporta les murmures de la demoiselle, et le sorcier se vit renvoyer aux mêmes questionnement qui l'avait poursuivi la majeure partie de sa vie. Le destin lui offrait la jeune fille, Tatiana l'avait senti, l'avait prédit et il semblait ne pas être le seul à être au courant de la prophétie de sa mère. Il garda cependant le silence, réfléchissant à ce qu'il venait d'apprendre, aux conséquences de ce que l'enfant promise par le destin allait avoir sur sa vie. Car au final, il ignorait ce qu'on attendait de lui une fois la fille trouvée ... La guider sur le chemin de la maitrise de sa magie ? L'empêcher de finir comme la plupart des sorcières ? Quel était son devoir maintenant que sa quête était terminée ?  « Qui penses-tu que je sois ?  » lui demanda-t-il en réponses à sa question, ne bougeant pas de l'arbre où il avait trouvé un soutien naturel. « J'ai connu une Yggradsil que tes parents ont même n'ont jamais pu voir, j'ai parcouru le monde en attendant que le jour me ramenant vers ma patrie arrive. Nous partageons ... Semble-t-il, bien plus qu'une simple couleur de cheveux ?  » commença-t-il à énumérer en braquant sur elle, son regard jaune vif.

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☾☾ La démonstration était amplement suffisante: il venait de faire étalage de son pouvoir et, avec ses mots, il était persuadé qu'elle avait comprit ce qu'il était. Tout comme elle, Snöfrid était un être habité par la magie, différent des simples humains tout en étant tellement semblable. Cependant, il n'avait pas voulu aborder d'entrée de jeu les prophéties de Tatiana: rien ne méritait de se précipiter, rien ne méritait de bruler les étapes. Si sa mère avait raison, alors leurs destins seraient lié, d'une manière ou d'une autre, avec ou sans révélation choc de sa part. Et puis, il ignorait comment une jeune fille pouvait réagir à ce genre d'annonce vieille d'un siècle ! La faire fuir serait la preuve ultime de son manque évident de tact. Et il savait que dans cette affaire, il allait devoir être plus que précautionneux: déjà en raison de l'âge de la fille, mais aussi par la méconnaissance totale qu'il avait de la maitrise de son pouvoir. Tatiana avait prédit qu'elle serait une manipulatrice des flammes, mais elle n'avait pas précisé si cela serait d'ors et déjà dangereux pour lui le jour de leur rencontre. Après tout, qu'elle en est ou non la maitrise, jouer avec le feu n'était jamais une bonne idée. « Il existe des choses que seuls les sorciers peuvent pressentir, et cela sans même avoir de don de voyance ... Nous sommes des êtres plus sensible à l'appel de la nature, aux message de la destinée.  » expliqua-t-il assez froidement sans pour autant mentionner Tatiana. Qui d'autre que sa mère aurait pu annoncer à la jeune fille qu'il viendrait ? « Mais j'ai la sensation que tu rejette encore ta propre nature, je me trompe ?  » lui demanda-t-il, faisant référence au trouble avec lequel elle s'était réfugiée dans la foret, à la qualification qu'elle se donnait à elle même. Les sorciers n'étaient des monstres qu'aux yeux de ceux qui étaient trop stupide pour accepter leur différence.

Cependant, les explications de la jeune fille, couplé à la question qu'elle lui posa sur la manière dont il s'était installé lui fit pencher la tête et hausser un sourcil. Etait-ce une invitation ? Ce n'était véritablement pas prudent, il faudrait qu'il remédie à cela. Il secoua cependant la tête. « La demeure où j'ai vécu a été détruite pendant la Purge. Et je préfère la foret aux regards curieux de la populasse.  » répondit-il d'un ton neutre. Il ignorait encore comme Yggradsil avait évolué depuis la purge, comme la ville acceptait désormais les êtres de son genre ... Prendre une chambre dans une auberge aurait été risqué si les tenanciers étaient de fervents supporter de Rome. Et camper dans la foret lui allait bien, il n'était pas le genre d'homme à se plaindre de l'inconfort bien qu'il du reconnaitre que se baigner dans l'eau glacée des court d'eau n'avait rien de très agréable !

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☾☾ Il leva un sourcil, à la fois interrogateur et surpris, de la remarque de la jeune femme. Comment pouvait-elle avoir déjà changé d'avis ? Décidément, la jeune génération était bien étrange, songea Snöfrid sans relever alors qu'elle entamait un récit bien plus intime. La découverte d'un pouvoir était un événement fondateur dans la vie d'un sorcier ou d'une sorcière: c'était de la magie pure qui sortait de son être pour se manifester au monde, et ce, sans qu'il n'ait aucun contrôle dessus. Pour lui, cela avait été dans l'intimité de la demeure familiale, mais la jeune fille semblait avoir fait de sa découverte un véritable spectacle. Il y avait de quoi marqué n'importe qui, d'autant plus que le pouvoir qui était le sien était aussi spectaculaire que dangereux. « Une braise peut bruler aussi fort qu'une flamme vive, tu sais ? Mais c'est déjà bon signe.  » fit-il remarquer calmement tout en libérant la rivière et ses habitants, de son emprise temporelle. « Le feu est un élément instinctif et vivace. Il faut beaucoup de contrôle pour pouvoir en avoir une parfaite maitrise. Que tu n'ai pas brulé l'intégralité du village est une réussite en soi.  » Et ce, même si par la suite, elle ne jouait qu'avec des braises, elle témoignait d'un potentiel certain que seule la peur maintenant au stade zéro. Libérée de ses angoisses et formée comme il se devait, elle pourrait être une magicienne redoutable. Si elle survivait à ce monde bien sur ... « Tu ne peux pas t'attendre à maitriser ton don comme si cela faisait des années que tu le pratiquais. Cela viendra ...  » lui même avait mit plus de vingt ans à explorer l'entièreté de son talent magique. Et bien qu'il se refuse à découvrir plus en amont l'avenir que son pouvoir lui offrait, il en avait touché du doigt la puissance.

Il ne s'attendait cependant pas à la suite. Alors qu'il montrait l'étendue de ses habitudes solitaires en avouant qu'il n'avait trouvé refuge que dans la foret avoisinante, peu désireux d'être ennuyé à l'auberge du coin, elle le décontenançait par une nouvelle question inattendue. « Avant ? Euh ... Et bien ...  » Il ne savait que dire ... Les souvenirs s'effaçait chaque jours davantage et bien qu'il eut par moment la sensation que telles ou telles rues lui étaient familière, il devait admettre que ses nombreux voyages avait peu à peu effacer l'image du Yggradsil qu'il avait connu. « C'était plus petit, plus rural aussi.  » dit-il sans s'encombrer de détail. « Mais les mentalités étaient déjà les mêmes. Yggradsil avait déjà beaucoup de potentiel pour s'étendre et devenir celle d'aujourd'hui mais la différence n'est bien vu nul part et ce n'est pas un siècle qui a changé ça apparement.  » Comment aurait-i pu en être autrement ? Le sort de Tatiana n'avait rien changé à la manière dont les sorciers vivaient et dont leurs dons étaient accueillis puis trahis par les mortels. Qu'importe l'époque ou le lieu ... L'humain était avide de sang et de pouvoir, et la chrétienté grandissante haïssait ce sur quoi elle n'avait pas prise.

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☾☾ Se replonger dans ses souvenirs lui rappelait l'époque où, enfant, il déambulait en courant jusqu'aux jupes de Tatiana pour s'y réfugier. Les hommes n'avaient jamais été tendres et il était un petit garçon avec une chevelure blanche comme la neige. Il portait sur lui la marque de sa différence, le sang magique qui coulait dans ses veines. Bien que plus froid, distant que les autres enfants, Snöfrid était pourvu de sentiments et à cette époque, le regard de ses voisins, du commun des mortels, lui importait encore. Combien de fois avait-il pleurer des insultes sur son passage, combien de fois avait-il demandé pourquoi est-ce que le destin avait voulu qu'il naisse de la sorte, avec ses cheveux blancs et ses yeux jaunes. Après tout, il faisait pleurer les plus jeunes et pouvait effrayer les plus âgés. D'ors et déjà, il s'était sentit mis à l'écart, condamné à la solitude. Tout comme elle, il avait rejeté ce qu'il était ... Et puis, il avait accepté. Accepté jusqu'à la plus petite once de sa personne, accepté d'être différent jusque dans les plus anodins détails de son physique, accepté de ne pas jouir d'un visage souriant de poupon, d'un caractère facile et d'une normalité banale. Et dans cet exercice, il s'était révélé. Il avait obtenu un contrôle de lui, de ses pouvoirs jusqu'à pouvoir en explorer la moindre parcelle. Mais il avait mis de nombreuses années ... Etait-ce son sang, si proche de celui de Tatiana, qui l'avait rendu si précoce dans sa pratique de la magie ? Ou était-ce la peur qui avait mené la jeune femme à n'avoir aucune maitrise de la sienne ? « Ça leur passera. Ou alors tu cessera de t'en rendre compte ...  » finit-il par dire, conscient que sur lui aussi se posaient encore et encore les regards de ceux qui n'étaient pas habitué à la vision d'un être tel que lui. S'il avait été brun, peut être aurait-il pu être plus anonyme. Mais n'était-ce pas le prix à payer pour la puissance qui était la sienne . « Avec l'âge, les regards ne te toucheront plus autant qu'aujourd'hui.  » Il n'osa lui avouer que cela allait de pair avec la perte des êtres chers, ceux qui pouvaient partir de leur différences, ceux qui permettaient à leurs coeurs de se réchauffer lorsque tout espoir semblait vain. Elle était jeune, elle devait avoir une famille, des amis, un bienaimé peut être ... Lorsqu'il l'avait aperçut, elle suivait une femme. Elle n'était pas seule.

Le regard doré de Snöfrid ne se fit que plus intense alors qu'elle lui posait une question. La question. Depuis combien de temps n'avait-il pas entendu son nom dans la bouche de quelqu'un ? Il hocha la tête, grave. « Une époque bien lointaine ...  » confirma-t-il. « Bien avant la Purge, bien avant que nous soyons tous obligés de nous cacher pour survivre.  » Maudite soit-elle, Tatiana et ses prophéties. Il pensait avoir été le seul à savoir, le seul connaitre les paroles qu'elle avait prononcé ce jour là, avant que la mort de vienne la prendre, avant qu'ils ne soient jamais séparé. « Mais "fils de Tatiana" est un peu long. Je suis Snöfrid ...  » finit-il par dire, concédant son nom à une parfaite inconnue pourtant si familière. « Et toi, petite sorcière ? Quel est ton nom ? Quel est ton lien avec Tatiana ?  » lui demanda-t-il en quittant l'arbre contre lequel il s'était installé.

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☾☾  Il l'écouta, silencieusement, raconter son histoire: donnant son nom, expliquant le don, vague, que sa mère avait eut pour lui annoncer son arrivée. Les choses lui rappelait son dernier échange avec Tatiana, sa prophétie, sa promesse. Comment était-ce possible ? La mère de la jeune Ñolofinwë était-elle aussi une sorcière ? Ou avait-elle juste eut vent du destin tragique de la sorcière par le devoir de préservation de la mémoire de Tatiana ? Snöfrid était perdu. En plein doute il ne savait ni que faire, ni que dire. Il semblait évident que son destin était de trouver Ñolofinwë, tout comme celui de la jeune fille était de croiser sa route. Mais après ? Devait-il la voir pour entendre dire que certains avaient gardé rancune tenace face à ce qui avait été infligé à sa mère ? Devait-il mener des représailles punitives pour venger sa mémoire ? Ou devait-il montrer une voie plus pacifiste pour aider la jeune fille à ne pas subir le même sort. A cet instant, Snöfrid en voulait presque à sa mère d'avoir fait cette prophétie. Il n'était pas l'homme le plus sociable, le plus agréable ou le plus patient de cette maudite terre. Il était solitaire, grincheux, souvent silencieux et rarement accompagné. C'était la ruse qui avait conduit Geneva a partagé un bout de chemin avec lui, mais en définitive, même elle avait finit par voir la vérité en face et à devoir s'en aller. Il n'était pas un optimiste et il n'était pas certain d'être la personne dont la petite sorcière avait besoin pour retrouver confiance en elle.

« Je vois.  » finit-il par dire après un interminable silence qui sembla durer des heures. Il n'était guère à l'aise avec la situation et le regard plein d'attente qu'elle posait sur lui ne l'aidait pas à garder son calme et toute sa capacité à penser. « C'est vrai. Tatiana a eut des paroles prophétiques avant que Rome de décide de son sort ...  » avoua le sorcier sans trop s'étendre: cela ne servait à rien de répéter ce qu'elle savait déjà. Et puis, il ne parlait que peu de ce jour là. « Il y a beaucoup de sorcier dans ta famille ?  » demanda-t-il en considérant la promesse de revanche qu'elle avait évoqué un peu plus tôt. Car lui ne parvenait à y croire: en l'état actuel, il lui semblait impossible de venger la mort de Tatiana sans courir à sa perte et qu'importe qu'il ait une autre sorcière à ses côtés: c'était l'assurance de tous y passer et de révéler au monde que la Purge n'avait pas éliminer tous les êtres magiques de ce monde.

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☾☾ Bien qu'il n'eut usé de ses pouvoirs, il lui semblait que le temps se déformait en la présence de la jeune sorcière: Snöfrid était partagé entre une grande curiosité et son naturel solitaire qui vivait la présence de la jeune femme comme une intrusion. Hochant machinalement la tête, il songea que, pour la première fois, il croisait quelqu'un qui, comme lui, était née de deux parents sorciers: un fait rare bien que la naissance d'un homme doté de pouvoir magique le soit davantage encore. Pourtant, autour d'eux, le soleil déclinant rappelait à Snöfrid qu'au delà de cet instant dans la foret, le temps faisait son oeuvre. Il se détourna d'elle pour observer le soleil s'obscurcissant.  « Tu devrais rentrer chez toi, petite magicienne de feu.  » dit-il soudain sans plus de cérémonie. A la tombée de la nuit, les êtres les plus fragiles n'étaient pas en sécurité dans la foret et il doutait qu'avec ses étincelles, la frêle sorcière puisse quoi que ce soit contre des bêtes sauvages: humaine ou non.

Non sans un dernier regard, Snöfrid se pencha pour rattraper la lame qu'il avait laissé contre l'arbre à son arrivée dans la clairière. Stoppé avant de s'enfoncer dans l'obscurité du bois, il darda son regard doré sur la jeune fille. « Je te retrouverai demain. Alors les choses sérieuses commenceront.  » ajouta-t-il d'une voix grave avant de disparaitre sans même laisser le temps à la jeune Yggradsillienne de répondre. Cette nuit, il devait se replonger dans ses souvenirs, comprendre pourquoi Tatiana l'avait guidé vers elle, pourquoi il devait rencontrer cette femme.